J'ai rejoint en 2024 l'association Sœurs d'Encres.
Être tatoueuse pour cette association représente beaucoup pour moi et donne du sens à mon travail. Au delà de tatouer bénévolement une fois par an lors de l'événement Rose Tattoo, j'ai aussi la chance de bénéficier tout au long de l'année d'informations médicales et techniques à propos du tatouage sur cicatrices et particulièrement ses contraintes liées à la santé des patients après un cancer. Tatouer des peaux qui ont subi de lourdes chirurgies, des rayons ou des traitements médicaux particuliers nécessite un accompagnement spécifique.
Ici, Camille découvre la première étape de son tatouage, après sa double mastectomie. C'est son mari, Jean-Michel qui lui tient le miroir, et cette image est tellement forte. Je ne crois pas avoir fait de cadeau plus beau et plus fort dans toute ma vie.
Qu'est ce que l'association
Sœurs d'Encre ?
L’association Sœurs d’Encre est pionnière dans le tatouage thérapeutique sur cicatrices et plus spécifiquement le tatouage artistique de reconstruction après un cancer du sein.
Elle accompagne, depuis 2017, les femmes touchées par un cancer du sein, physiquement par le tatouage artistique de reconstruction, et psychologiquement en favorisant la prise de confiance et l’estime de soi.
Elle participe aux actions de sensibilisation et de dépistage du cancer du sein tout en militant pour que le tatouage artistique soit reconnu comme alternative ou complément aux formes de reconstructions chirurgicales classiques.
Elle forme 100 tatoueuses sur toute la France en collaboration avec des professionnels spécialisés en oncologie, pour encadrer cette pratique.
Elle organise pendant Octobre Rose les événements « Rose Tattoo » permettant d’offrir un tatouage artistique aux femmes ayant eu une mastectomie, reconstruites ou pas.
La vision de Camille
« Mars 2022, la sentence tombe : on doit tout retirer. Le corps d’une femme ne cesse de se transformer, se modifier, changer… Ces transitions souhaitées ou imposées s’opèrent par étapes, souvent progressivement, le temps aide et y participe, il faut s’adapter et s’y résigner.
Mais lorsque le corps subit une ablation, une mutilation, lorsqu’on lui retire une ou des parties de façon rapide et brutale, il faut réapprendre et apprivoiser cette nouvelle apparence. Il faut accepter, supporter ce changement. On peut remplacer une ou des parties manquantes, mais pour moi ce n’était pas ça dont j’avais besoin. Je ne voulais pas remplacer, combler, je voulais me réapproprier cette enveloppe, je voulais montrer qu’une femme dont le corps ne répond plus aux codes imposés peut se révéler être d’une grande féminité. Grâce aux "Sœurs d’Encre" j’ai rencontré celle qui a permis cette renaissance féminine ! Enfin pouvoir assumer des décolletés sans seins, sans volume mais avec et par magie elle a su combler ce qui m’ avait été ôté….
La créativité, la bienveillance et l’accompagnement de ma tatoueuse m’a été d’une aide et d’un soutien exceptionnel. Chaque histoire est différente la mienne passe par une rencontre importante qui m’a permis de mettre de la distance entre la maladie et moi…. Encore une étape de franchie, grâce au tatouage. »
Camille - 55 ans - Paris